dimanche 26 août 2012

Aujourd'hui, j'ai accompli l'acte le plus important de ma vie... encore !





Ce matin, messe dominicale. Et, comme presque chaque semaine, j'ai accompli l'acte le plus important de ma vie.



J'ai reçu l'Eucharistie


Depuis pas mal de temps maintenant, je me pose des questions. Et il y a quelques choses que ma raison profonde remet en question avec une certaine récurrence - voire une récurrence certaine : le dogme du sacrement de l'Eucharistie, qui est censé devenir véritable chair du Christ.
Avouez qu'avec ce dogme, et peut-être aussi certaines considérations à propos de l'ordination presbytérale, il y aurait largement de quoi devenir luthérien et tourner allégrement le dos au catholicisme vaticanesque - ce que j'aurais fait sans doute il y a déjà longtemps si trois considérations ne m'en retenaient pas : la sainteté de la Vierge Marie, la lettre de Saint Jacques (c'est par les actes qu'on exprime sa foi !) et la fidélité à l'Eglise des Premiers Pères (mais sur ce point, j'y reviendrais plus tard !)..!

Mais enfin, je m'interroge..:
Par quelle sorte de tour de passe-passe diantrement artificiel un bout de pain deviendrait-il de la chair, et en plus, non pas une chair terrestre et animale, mais une chair mi-humaine, mi-divine ? Serions-nous alors, diantre donc (!) devenus sans nous apercevoir cannibales, pour manger ainsi notre propre Créateur (selon nos croyances) tous les dimanches ?

Ces considérations tirent leur racine des Saintes Ecritures (Luc 22, 19 et Matthieu 26, 26), lorsque Jésus prononce ces mots, ô combien fameux :
« Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. » »

Jean va encore plus loin :
« A la synagogue de Capharnaüm, Jésus disait : «Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel.  Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde.» »  (Jn 6, 51-58)
D'ailleurs, ne nous croyons pas, nous post-modernes scientifistes, plus intelligents que les gens de l'époque, en refusant d'y croire par rationalisme, car Jean ajoute que, déjà à l'époque et à cause de ces paroles,  « Depuis ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent et cessèrent d’aller avec lui.» 
Le Père Daniel Meynen a d'ailleurs écrit des commentaires et homélies très intéressantes sur la question (vous pourrez en retrouver certaines sur internet, notamment ici.)



Question difficile, mais en fait, ce qui est encore plus intolérable pour nos esprits contemporains férus de logique et de rationalité post-moderne, c'est comment diantre donc un bout de pain peut-il se transformer en viande divine... Encore s'il prenait l'aspect de la viande, serions-nous peut-être tentés d'y croire, mais ce pain persiste nonobstant les déclarations et prières du prêtre, à demeurer sous un aspect grotesquement banal et absurdement quotidien, un aspect panifuge pour tout dire.
Dès lors, comment croire encore que ce pain est en réalité censé être le corps du Christ, offert aux hommes ?
Surtout lorsqu'on est influencé par le matérialisme économico-technologique ambiant et la culture athéiste scientifiste actuellement en vigueur en France (qui reste malgré tout le plus beau pays du monde - eh oui, je m'écarte du sujet avec lequel ces dernières considérations n'ont rien à voir, mais j'estime avoir eu de la chance de naître dans un pays avec une histoire aussi riche et une solidarité étatique aussi développée..!)


Décider la confiance :


 Après moultes et diuerses discussions, il ressort que beaucoup de croyants dans mon entourage proche m'ont gonflé avec des expressions telles que : c'est un mystère ! Dieu nous échappe ! Nous ne pouvons pas comprendre. Certes, je n'aurais pas la prétention de vouloir comprendre et posséder la science de Dieu avec ma pauvre intelligence toute rabougrie, mai quand même, il y a là, le dirais-je ? Comme une certaine mauvaise volonté. L'esprit religieux se retranche derrière des protections inefficaces contre le rationalisme moderne... Tenez vous, qui me lisez, là ! Oui, là, au troisième rang...
Mais non, pas vous, vous vous êtes croyant, je le sais ! Bon, voilà, vous là, oui, parfaitement ! Vous lisez un blog chrétien ! Si. Tout-à-fait. Arrêtez de vous cacher derrière votre voisin du deuxième rang, et assumez un peu.
Alors voilà, j'ai besoin de vous et de votre raison éclairée par le cartésianisme moderne, votre esprit qui doute (avec raison !).
Bon, je vous dis : "Ne cherchez pas, c'est un mystère. Ca ne s'explique pas, c'est comme ça, un point c'est tout, et TGCM* !" : voilà tout le mystère de la transsubstantiation miraculeusement exposé sous vos yeux ébahis d'incrédulité.
Que me répondez-vous donc ?

EXACTEMENT !!

JE SUIS D'ACCORD AVEC VOUS, et je dirais même plus : J’ADHÈRE !

Pour ma part, je pense qu'il existe un mystère divin, mais que ce n'est pas un mystère inexplicable : c'est comme un mystère policier : il y a une explication, au bout de l'enquête minutieuse d'Hercule Poirot ou de l'Inspecteur Derrick (ou Columbo, comme vous voulez), de Sherlock Holmes ou de l'Inspecteur Canardo.
Un mystère, ce n'est pas une raison de cesser de chercher à vouloir connaître la raison. FELIX QUI POTUIT RERUM COGNOSCERE CAUSAS ! (Heureux celui qui a pu pénétrer le fond des choses et en connaître les causes !)
En réalité, le mot mystère ne recouvre jamais qu'un prétexte à mener l'enquête.
Sauf qu'historiquement, l'enquête ne nous mènera qu'à un dogme établi par un obscur Concile de l'Antiquité tardive, et que théologiquement, mon enquête a plutôt tendance à piétiner.

...Alors tant pis j'ai décidé d'exprimer ma foi, en attendant de trouve rune réponse satisfaisante. LA foi, aimè-je à l'affirmer et à le rappeler, vient du latin fides (reportez-vous donc à la section Prier... Le "Notre Père" autrement. pour en savoir plus !) et peut signifier fidélité (serment d'allégeance) et confiance Confiance de celui qui prête allégeance, et confiance de celui qui reçoit le serment.

J'ai donc décidé de faire confiance... Et là, je me suis aperçu que je ne m'étais jamais dit que recevoir l'Eucharistie était l'acte le plus important de ma vie... J'allais à la messe surtout pour prier avec d'autres chrétiens, en communauté, pour le partage, mais je ne me suis jamais dit : "je vais recevoir Dieu au plus intime de moi-même et ça va bouleverser ma vie quotidienne, ma semaine banale, en me transformant de l'intérieur..."
Non, je ne me l'étais jamais dit, et je ne me le dis toujours pas, à vrai dire...







* TGCM : est une expression répandue dans les milieux rôlistes, ceux qui jouent aux jeux de rôles et qui n'aiment pas trop, en général, l'Eglise Catholique parce que celle-ci ne voit pas d'un bon œil leur activité favorite. TGCM, ça veut dire : "Ta Gueule, C'est Magique !"




Renouveler son engagement envers Dieu :


Mais alors, me direz-vous, en quoi cet acte est-il le plus important de ma vie ? Eh bien, parce que lorsque je me prépare à rejoindre la file de communion, maintenant, malgré mes doutes, mes incertitudes, mes craintes et mes défiances, je décide de lâcher prise et de faire confiance au Seigneur. De lui dire : "bon, O.K., je marche."
Et ça, c'est quelque chose d'important : de confirmer, de renouveler, semaine après semaine, son engagement envers Dieu. Pas seulement de lui faire confiance, mais de le laisser faire en moi des transformations spirituelles que je ne comprends pas ; et puis, surtout, de refaire le serment de lui être fidèle quotidiennement, dans mes actes, que ceux-ci soient une offrande à sa Gloire, que mes actes soient tournés vers son service, que leur finalité soit de soutenir son règne et répandant l'Amour ici-bas.
Donc, dans le prochain chapitre (enfin, le prochain billet, plutôt !), sans doute réfléchirais-je à cette notion d'Amour, trop galvaudé dan les clips kitschissimes des stars hollywoodiennes d'aujourd'hui.
Oui à l'Amour, non aux Bisounours !

Et, sur ce, bonne semaine à vous tous, croyants et non croyants !

_