jeudi 22 mars 2018

Le tout premier " buzz " connu de l'histoire de l'humanité ? En fait, pas vraiment... : L'opé com' de Jésus Christ

Bonjour à vous, frères chrétiens, frères des autres religions, et même frères non-croyants !

Ce titre racoleur vous a peut-être intrigué ? C'est une bonne chose pour moi, car je recherche le buzz, je veux faire de l'audience et accroître ma notoriété : en un mot, je recherche la gloire personnelle. Et pour cela, rien ne vaut un bon vieux gros titre " putaclique ", comme on dit de nos jours. En ce moment, on parle beaucoup de Jake Paul, un youtubeur dont les voisins font les frais (il a été attaqué en justice) parce qu'il a fait tout ce que les "bonnes gens" considèrent comme des idioties de crétin grand-guignolesque pour augmenter son audience, et gagner des millions avec Youtube :



Et les "bonnes gens" de ne pas comprendre comment un tel individu, qui propose du contenu débile pour adolescent attardé, peut avoir un tel succès... Mais comment les jeunes - disent-ils - peuvent-ils aimer des idioties pareilles au lieu de regarder des vidéos instructives comme... Holà pas de publicité par ici, voulez-vous !!
Non, sans blague : si je fais de la pub' à Jake Paul, pourquoi n'en ferais-je pas pour des chaînes YouTube plus intelligentes (du moins, de mon avis personnel) ? Donc vous trouverez en fin de cet article quelques-unes (!) de ces chaînes que j'aime bien !

Et n'hésitez pas à cliquer sur le lien que j'ai mis, ou à visionner la vidéo incorporée dans l'article (c'est la même à laquelle le lien renvoie !) : ce n'est pas une vidéo de Jake Paul, mais celle d'un autre Youtubeur qui analyse son succès :
et là, nous pouvons donc répondre à la question posée plus haut ==> pourquoi les jeunes aiment-ils ce genre de vidéos ?

Petite piste à suivre : Ce n'est pas les jeunes qui "aiment" ce que fait Jake Paul, c'est Jake Paul qui montre aux jeunes ce qu'ils "aiment voir", ce qu'ils ont envie de regarder.
Jake Paul, c'est le mec qui n'a pas de limites, et qui, dans une espèce de liberté totale usurpée, envoie paître le reste du monde et ses règles, et s'adonne à tous les actes interdits qu'il a envie de commettre au détriment de ses voisins qu'il envoie, eux aussi, chier.

Ca vous rappelle rien, çà ? Un monde de liberté totale, sans aucune limite ? N'est-ce pas le rêve de tout adolescent en révolte prépubère qui se respecte ?

Et en effet, Jake Paul joue sur le goût du scandale des jeunes, leur goût pour l'anticonformisme et le mépris des règles, afin d'augmenter son audience.

Il fait donc de la provocation, afin d'avoir du succès médiatique et a bâti dessus un business model surfant sur la " vague du buzz " !


....Mais est-il le seul à avoir fait cela dans l'histoire ?

Dimanche, nous entrerons dans la Semaine Sainte, la semaine de la Passion et de la Résurrection du Christ, qui se terminera par la dimanche de Pâques.
Au passage, une petite anecdote :
si vous vous demandez pour on écrit toujours Pâques au pluriel, c'est parce que la tradition chrétienne fête en réalité DEUX Pâques en même temps, pour le prix d'une : la Pâque juive (la fin de la traversée du désert, suite à la sortie d'Egypte du peuple Hébreux libéré par l'action de Moïse), et la Pâque chrétienne (la victoire du Christ sur la mort).


Il fait donc de la provocation, afin
d'avoir du succès médiatique et a bâti
là-dessus un business model surfant sur
la " vague du buzz " !


Et ce dimanche, donc, nous aurons droit à la lecture de l'Evangile selon Saint Marc... Mais quel rapport me demanderez-vous ?

Question pertinente : un peu de patience, vous allez voir, c'est assez édifiant :
cette lecture de Saint Marc s'étend sur un certain nombre de chapitres, qui va de l'entrée du Christ à Jérusalem, jusqu'à son arrestation, sa passion et sa crucifixion, en passant - dans le désordre - par sa condamnation, le versement d'un parfum sur sa tête (symbolisant son embaumement prochain), son inhumation, son dernier repas avec ses disciples (la Cène), la trahison de Judas - son disciple préféré selon certains exégètes -, et tutti quanti, si on s'offre la lecture longue (la lecture brève se concentre sur le passage de son jugement et de son exécution depuis l'interrogatoire par Pilate jusqu'à la crucifixion).

On va donc, en introduction de la messe, vous raconter l'arrivée triomphale de Jésus à Jérusalem, acclamée par la foule, et un peu plus tard, la condamnation de Jésus par cette MÊME foule... Qui préférera Barrabas, un tueur de fonctionnaires romains (selon les juifs, c'est un "zélote" : un résistant à la colonisation romaine, selon les romains, un terroriste... Ca vous rappelle rien ? Je vous laisse méditer..!)
La foule des juifs aurait-elle sacrifié à un cas subi de dissonance cognitive ? Les Hébreux du temps de Jésus étaient donc schizophrènes ?


La foule des juifs aurait-elle sacrifié à un
cas subi de dissonance cognitive ? Les Hébreux
du temps de Jésus étaient-ils donc schizophrènes ?


Pas du tout, en fait : et justement, ces passages de l'Evangile sont très mal compris de la plupart des chrétiens quand ils croient que les habitants de Jérusalem viennent acclamer le "Fils de Dieu"...

Reprenons : 

D'abord, à ce moment-là, Jésus est déjà TRES CONNU en Judée, cela fait trois ans qu'il prêche et il a monté un bon petit "business" : tout comme Jake Paul qui était déjà connu pour avoir fait d'autres opé com' avec son frangin, Jésus dispose déjà d'une audience assez large, qui dépasse le nombre de ses disciples : on l'invite souvent à déjeûner ou à dîner, on l'invite à des noces, etc. (cf. entre autres, l'épisode de Zachée (Luc, 19 ; 1-10), qui se convertira et deviendra son disciple après l'avoir invité chez lui ; ou le centurion Romain (Matthieu, 8 ; 5-13), qui a priori n'était pas disciple du Christ, mais le regardait comme une sorte de dernier espoir, parce que tout le reste avait échoué et qu'il avait entendu dire que Jésus avait accompli des prodiges.)

Jésus a donc une solide réputation de sage, d'homme religieux et de faiseur de miracles, lorsqu'il arrive à ce moment à Jérusalem, - et n'oublions pas qu'il devait s'y rendre tous les ans, car tous les ans, de nombreux juifs de l'époque "montent" à Jérusalem pour la fête de la Pâque, selon une tradition religieuse très ancrée dans la culture hébraïque ; on pourrait dire que Jésus est comme une espèce de star de la radio dont tout le monde a entendu parler et qui viendrait, à l'occasion d'une fête culturelle traditionnelle, faire une "tournée" à Jérusalem.

Ce que les habitants de Jérusalem font, quand ils vont acclamer Jésus, c'est aller voir un mec qu'ils n'ont encore jamais rencontré - pour la majorité d'entre eux - mais dont ils ont BEAUCOUP entendu parler.

Et là, commence l'opé com' de Jésus. Jésus, en effet, n'arrive pas à Jérusalem à pied, simplement, ou discrètement. Il arrive, nous dit l'Evangile de Marc sur un âne qui n'a jamais été monté.

Ca veut dire ceci :

Le gars monte un âne qui n'a pas encore été dressé : personne ne l'a enfourché. Il n'est pas débourré !
Devinez comment va se comporter l'âne ?
Petit indice : Vous avez tous déjà vu un rodéo, où un cow-boy doit dresser un cheval sauvage que personne n'a encore monté ? 


...Ben... Là, l'âne réagira pareil pareil.

Imaginez :
Dans six jours, c'est LA PLUS GRANDE FÊTE culturelle dans la tradition de votre pays, vous préparez fébrilement cette fête, en gros c'est un peu comme si on vous promettait les Jeux Olympiques de Paris cette année... La fête à donf', quoi.

Et là, vous entendez une rumeur qui se répand :
"V'nez voir les mecs, grouillez-vous, la fête commence plus tôt que prévu !!"

Ce qu'il se passe alors, c'est qu'à la sortie du périph' de votre capitale préférée (peu importe laquelle), un homme fait du rodéo sur un âne, devant les smartphones des spectateurs rigolards et les caméras des médias accourus sur place.

...A ceci près que les smartphones et les caméras n'existaient pas à l'époque.

Il faut se rendre compte que Jésus, en faisant çà, il fait de la pure provocation, il ridiculise purement et simplement le faste et le sérieux d'une fête religieuse qui importait pour des milliers de personnes.

Evidemment que les spectateurs accourus sur place, ils vont bien rigoler et applaudir, le gars qui est en train d'offrir des acrobaties spectaculaires en chevauchant un âne sauvage - qui, donc, n'a jamais été dressé - !

Comment voulez-vous qu'ils réagissent ?
Et ne vont-ils pas, par la suite, condamner celui qui a fait le clown, le guignol, la star, SIX JOURS AVANT LE DEBUT DE L'EVENEMENT DE L'ANNEE ?

...Mais nous n'en sommes pas encore là : pour le moment, tout le monde rigole et applaudit.
Les gens jettent sur son chemin des branchages et des vêtements sur le sol... Pourquoi à votre avis, font-ils cela ? Ce n'est pas du tout un signe d'acclamation : il faut bien se rendre compte que Jésus subit les ruades de l'âne à chaque pas, et que les gens mettent leurs vêtements au sol pour amortir les chocs d'une arrivée spectaculaire, acrobatique, triomphal... Et dangereuse !

...Et Jésus a parfaitement réussi son " opé de com' ", c'est-à-dire son opération de communication : tout le monde sait à présent qu'il SE TROUVE à JERUSALEM, personne ne peut plus ignorer sa présence, - même un mec qui, comme moi, serait dans sa bulle intellectuelle -. C'est impossible : la nouvelle est tellement importante qu'on ne peut pas l'ignorer.


Jésus prépare ici les conditions mêmes de son arrestation, de sa condamnation. Il sait parfaitement ce qu'il fait, puisqu'il est juif et qu'il connaît lui-même l'importance de la Pâque dans la culture de son propre peuple. Est-ce idiot de sa part ? N'y a t-il aucune différence entre le Christ et un "vulgaire" Jake Paul, qui fait l'idiot pour être célèbre et toucher la thune de YouTube ?

En fait : il y a une différence fondamentale : Jésus se met en danger, Jake Paul non. Récemment, on a reproché à Jake Paul des vidéos où il se moque de personnes qui se sont suicidées. Pour ce scandale, que risque Jake Paul ? YouTube a démonétisé certaines de ses vidéos, mais il n'a pas été exclu de YouTube. Pour le moment, il n'a pas été jugé par un tribunal, il n'a aucune amende à payer... Autant dire qu'il ne risque pas grand'chose. Même pas de perdre sa réputation, car en réalité, ces "affaires" ont fait parler de lui et ont accru sa notoriété !
Jake Paul sait ce qu'il risque, c'est-à-dire pas grand'chose...

Jésus, lui aussi, sait ce qu'il risque : la peine de mort pour sacrilège. C'est d'ailleurs son but : mourir et ressusciter, obéir aux Ecritures, aux prophètes qui ont parlé au nom de Dieu d'un envoyé qui, un jour, libérera son peuple de la mort.

Et il prend ce risque pour promouvoir un message d'amour, un message non-violent, et non pas pour gagner des sous.



N'y a t-il aucune différence entre
le Christ et un "vulgaire" Jake Paul ?
Il y en a une énorme : Jésus se met en danger
pour faire passer un message d'amour
non violent.



Néanmoins, il se trouve que les deux individus ont un point en commun : ils sont doués pour faire de la communication. L'Eglise, aujourd'hui, craint de faire de la com' trop "osée". Alors, elle insiste sur l'humilité en ces temps de Carême. Elle nous parle de Jésus sur son âne entrant à Jérusalem comme d'un homme sage et modeste, acclamé par la foule pour sa bienveillance, alors qu'en réalité Jésus choque, Jésus dérange, Jésus provoque.
Et quand il disait, un peu plus tôt « malheur à celui par qui le scandale arrive » (Luc, 17 ; 1), c'était de lui-même dont il parlait...

Une question reste en suspens : Jake Paul sera t-il lynché comme le Christ fut crucifié ;-D


Jake Paul sera t-il lynché comme le Christ fut crucifié ?


Franchement, j'en doute, et je ne le souhaite pas. D'abord, Jake Paul peut bien tourner les vidéos qu'il veut, cela m'est indifférent, donc pourquoi lui en voudrai-je, et pourquoi souhaiterai-je qu'il subisse notre vindicte ?

Ensuite, faire de lui martyre, c'est encore lui faire de la publicité. Cela me rappelle la manifestation de ces "idiots de la com' " qui, il y a quelques années, voulaient empêcher les gens d'aller voir une pièce de théâtre où on voyait Jésus déféquer : résultat, tous les médias en ont parlé, et ces imbéciles avaient fait gratuitement de la publicité pour la pièce qu'il voulait interdire. Il faut savoir que c'est une technique couramment employée en marketing, qui permet de se faire de la publicité gratuite en utilisant ses propres adversaires :
Paul de Marketing Mania (celui qui a réalisé la vidéo que je vous ai indiqué au début de ce billet), parle de ce phénomène dans une autre vidéo que vous pourrez retrouver en cliquant ici.
Vous me direz que c'est un peu facile de traiter les gens d'idiots a posteriori sauf que - et j'ai des témoins - je le disais déjà à l'époque.

Et puis, là n'est pas la question, car la question est : tirons des leçons du passé et laissons l'Inquisition et les brûleurs de sorcières à l'histoire à laquelle ils appartiennent.

...Quand les gens comprendront comment la communication fonctionne dans notre société -sigh- ...


Pour conclure cet article, j'avais annoncé en début de vidéo que je parlais du tout premier buzz connu de l'histoire de l'humanité.
Ce n'est pas tout-à-fait vrai... J'en connais au moins un qui a précédé de 50 ans la naissance du Christ : c'est la publication de "La Guerre des Gaules" par Jules César qui, lui aussi, savait réussir une opération de pub' ..! 8-P

Pour finir, comme promis, voici une chaîne youtbe pour vous instruire, c'est sur la crise de l'euro : ainsi vous pourrez, comme moi, en apprendre plus sur la manière dont le monde fonctionne : https://www.youtube.com/playlist?list=PLbHgDl1izvblo60rgF3r-gmq5ttWq6CCt

Sur ce je vous souhaite bonne fin de semaine à tous, en attendant la Semaine Sainte !_

dimanche 20 novembre 2016

Prier le Rosaire (1) : le péché & le besoin de Dieu

Avec mes multiples activités, j'ai du mal à être assidu à la prière, ainsi qu'à ce journal de réflexion chrétienne. Je n'oublie pas le Seigneur, mais j'éprouve des difficultés à lui accorder du temps, et c'est pour moi une chose grave que de manquer à consacrer quelques minutes à celui qui nous a offert la vie de son propre fils. Régulièrement pourtant, je prie le Rosaire, la prière des dominicains. Et, tout récemment, cette prière a été pour moi l'occasion d'une acuité nouvelle sur ma relation à Dieu.

Récemment, je me suis rendu compte combien mes péchés étaient graves. Plus que je ne les considérais auparavant. En trente ans, j'ai connu l'angoisse autant que la sérénité, la peine autant que la joie, l'inquiétude et la crainte autant que la confiance et l'espérance. Mais, depuis quelques temps, je me sens enfermé dans mes propres défauts, mes propres tentations, mes propres faiblesses à succomber au péché. 
Je ne me suis jamais considéré comme un saint accompli (et on m'a toujours appris qu'il fallait de toutes façons une vie entière pour atteindre la sainteté - sauf peut-être dans le cas de Thérèse de Lisieux ?), mais j'ai toujours pensé être relativement peu pécheur et coupable uniquement de quelques peccadilles, même si j'ai commis parfois quelques grosses erreurs, je les pensais pardonnables selon les criconstances et commises en toute bonne foi.

Des événements récents m'ont clairement montré que l'emprise du péché sur moi était bien plus grave que cela. Je me suis senti non seulement coupable, mais aussi impuissant à réparer mes erreurs (je me laisse aller à la grossièreté en confessant que c'était vraiment des conneries magistrales). 

Et je me suis mis à prier le rosaire avec davantage de ferveur que précédemment. Superstition et culpabilité, me direz-vous peut-être ?


Superstition et culpabilité ?


...Non, pas vraiment. Je ne crois pas qu'une prière lave des péchés comme l'eau et le savon lave de la sueur de la journée. Je ne crois pas non plus que prier donne le droit d'agir à sa guise : un petit péché ? Hop : une prière et n'y pensons plus, cela me donne le droit d'être un salaud, puisque je suis fidèle à Dieu dans la prière !
Dieu n'a jamais été pour moi, ni un croquemitaine qui fait peur pour que je reste dans le droit chemin, ni un passe-droit qui autorise à pécher si on lui demande pardon dans la prière - une sorte de garantie éthique de ma supériorité morale et de ma liberté supérieure à celle des autres ? C'est exactement contraire au message de l'Evangile ! - ni une source de bonne conscience superstitieuse, un être qu'il faut prier pour repousser les châtiments, les punitions, les malédictions qu'attireraient sur moi mes mauvaises actons.

Je ne me sens pas plus propre après avoir prié qu'avant, je me sens toujours aussi pécheur - aussi sale -, qu'auparavant. Je ne tiens pas une comptabilité : peut-être n'ai-je pas encore assez prié pour être propre ? Peut-être qu'après trois demies-douzaines de prières suppémentaires mon âme sera lavée de son péché, comme mon corps de se ssouillures après trois douches ?
Mais entre temps, j'ai commis d'autres péchés, et je serais toujours en retard de plus de demies-douzaines de prières et de chapelets qu'il ne m'en faut pour laver le premier péché, depuis que j'ai commis les autres... Voyons ...Voyons, calculons !


La comptabilité du péché,
inéluctablement défavorable à l'homme.


Calculons en effet : calculons que des paroles adressées à Dieu n'efface pas notre péché, et, surtout, qu'il en faudrait tellement, à la vitesse à laquelle nous péchons, que ce serait humainement impossible d'être sauvé par la seule prière. Il y a longtemps, dans un article précédent, je citais Marc chapitre 10, 17 - 27 : « Pour les hommes, c'est impossible, mais à Dieu tout est possible. » (que l'on retrouve en Matthieu chapitre 19, 16 - 30 ; et en Luc chapitre 18, 18 - 30.)
Oui, il nous est impossible de nous sauver par la prière. La prière ne sauve ni de la culpabilité, ni de notre péché lui-même. Le sacrement de la confession lui-même, dans la théologie catholique, n'efface pas la péché. Il nous permet de nous réconcilier avec Dieu, mais pas de "laver notre âme" comme si le péché n'était qu'une saleté qui souillait une sorte de corps immatériel.

Ce que nous avons accompli, nous l'avons accompli. C'est peut-être le plus terrible fardeau de l'humanité, dont la condition est d'être soumise au temps, que de ne pas pouvoir retourner en arrière pour effacer ses erreurs. Mais peut-être, après tout, est-ce une bénédiction : si nous retournions en arrière, n'effacerions-nous pas notre erreur en en commettant une plus grosse encore ? Je prends un exemple - si j'ai fait ce que j'ai fait, c'est parce que je souhaitais atteindre un but tout-à-fait louable : faire un cadeau à un ami. Pour cela, il me fallait les moyens de le faire et c'est pour cela, imaginons, que j'ai commis une faute. Si je retournais en arrière, n'essayerais-je pas d'atteindre ce but plutôt que de réparer mon erreur de la bonne manière ? Ce péché ne doit-il pas plutôt m'apprendre à renoncer à vouloir quelque chose dont je n'ai pas encore les moyens, à patienter jusqu'à ce que le temps et les efforts me permettent d'accomplir ce but avec fierté ?


Le besoin de Dieu
qui seul délivre du péché
.


Aussi, si je priais, n'était-ce ni pour retourner en arrière effacer mon péché, ni pour soulager ma culpabilité. Je me sentais en fait plutôt comme le publicain de Luc, chapitre 18, 9 - 14 : celui qui se frappe la poitrine en appelant vers le seigneur : « Mon Dieu, prends pitié du pécheur que je suis », quand le pharisien se justifie lui-même. Saint Jean Chrysostome interprète cette parabole selon le jugement et l'humilité, en condamnant le pharisien parce qu'il juge son prochain, quand le publicain reste humble. Mais il ne va pas jusqu'au bout de l'explication : les exégètes postérieurs nous disent que, si le publicain est justifié par son humilité, c'est parce que, dans sa faiblesse, il reconnaît qu'il dépend de Dieu, dont il a besoin de la protection, alors que le pharisien, lui semble proclamer que ses bonnes actions le rendent indépendant du jugement de Dieu, puisqu'il se justifie par lui-même.

Je suis, moi, le publicain qui a besoin de Dieu. La reconnaissance de mon propre péché me pousse à constater ma faiblesse : devant la tentation de mal faire, je succombe « Car je ne fais pas le bien que je veux, et je fais le mal que je ne veux pas. » (Romains, chapitre 7, 19.).
Oui, j'ai relu récemment les épîtres de Paul aux Romains et aux Galates. La première est assez compliquée à résumer, car très dense. Paul parle cependant longuement des moyens du salut, en comparant la voie de l'Ancien Testament (la Loi) et celle du Nouveau Testament (la foi en Jésus-Christ). Il affirme que la Loi ne peut pas sauver, car en donnant la connaissance du bien et du mal, elle aggrave les péchés des hommes : en effet, celui qui péche en ignorant la Loi, ignore qu'il péche, alors que celui qui connaît la Loi, mais dont la chair est incapable de résister au péché, commet une faute plus grave parce qu'il a conscience de son manquement.

- La Loi, me semble t-il, opère finalement de la même manière que l'interdiction originelle du jardin d'Eden, et participe du même échec (cf. jetecherche-des-laube.blogspot.ca/2012/08/pourquoi-le-fruit-defendu.html). -

Selon Paul, la foi seule en Jésus-Christ, qui, innocent, s'est sacrifié pour racheter les coupables, peut sauver l'âme humaine du péché.
Je n'en suis pas moins pécheur pour autant : l'homme, dans sa chair, est soumis par nature au péché depuis le péché originel, et c'est la raison pour laquelle le pharisien de Luc ne peut s'ériger en juge du publicain : parce que lui aussi, malgré la Loi, est enchaîné au péché, dès sa naissance dans ce monde.

Alors, ce n'est pas seulement la clémence de Dieu que j'implore dans mes prières, lorsque je récite le Rosaire : ce que je supplie, c'est de me donner le soutien, la force morale qui me manque pour résister à la tentation du péché, car, je me sens enfermé dans le péché que je suis impuissant à éviter. Mais, si - encore une fois - « Pour les hommes, c'est impossible, mais à Dieu tout est possible » , alors il ne lui est pas impossible de renouveler mon baptême, de me convertir, jour après jour, vers le bien, de me délivrer du mal.
Voilà le sens profond du verset de la prière du Pater Noster : « Délivre-nous du mal »
(cf. http://jetecherche-des-laube.blogspot.ca/p/prier-le-notre-pere-autrement.html)

Or, ces temps-ci, je me sens comme un galate : Paul se montre très sévère envers eux, car ils sont inconstants dans leur pratique religieuse, reviennent aux vieilles idoles plutôt que restent fidèles à l'Evangile, et oublient les préceptes du Christ. Paul les met en garde, non pas parce qu'ils sont perdus, mais parce qu'ils peuvent encore se corriger.


Ce n'est pas seulement la clémence de Dieu
que j'implore dans mes prières
c'est aussi de me donner le soutien,
la force morale qui me manque
pour résister à la tentation du péché
.


Il me souvient que la Parabole du semeur (Matthieu chapitre 13, 1 - 23 ; Marc chapitre 4, 1 - 20, Luc chapitre 8, 4 - 15) en parle justement, de cette inconstance dans la foi :
« Voici, disait-il, que le semeur est sorti pour semer. Et comme il semait, des grains sont tombés au bord du chemin, et les oiseaux, étant venus, ont tout mangé. D'autres sont tombés sur des endroits pierreux, où ils n'avaient pas beaucoup de terre, et aussitôt ils ont levé, parce qu'ils n'avaient pas de profondeur de terre: mais, le soleil s'étant levé, ils ont été brûlés, et faute de racines, ils se sont desséchés. D'autres sont tombés sur les épines, et les épines ont monté et les ont étouffés. Mais d'autres sont tombés sur de la bonne terre, et ils ont donné du fruit, l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. Entende, qui a des oreilles !

(...)

« Chaque fois qu'un homme entend la Parole du Royaume sans la comprendre, arrive le Mauvais qui emporte ce qui a été semé dans son cœur; c'est celui qui a reçu la semence au bord du chemin. Celui qui a reçu la semence sur les endroits pierreux, c'est celui qui entend la Parole et aussitôt la reçoit avec joie, mais il n'a pas de racine en lui-même, il est, au contraire, l'homme d'un moment; survienne une tribulation ou une persécution à cause de la Parole, aussitôt il trébuche. Celui qui a reçu la semence dans les épines, c'est celui qui entend la parole, et le souci du monde et la duperie de la richesse étouffent la Parole, qui devient stérile. Et celui qui a reçu la semence sur la bonne terre, c'est celui qui entend la Parole et la comprend : et celui-là porte du fruit et produit l'un cent, l'autre soixante, l'autre trente. »
(trad. Osty)

Je suis cet homme qui reçoit la Parole avec joie, mais qui n'a pas de racines profondes en lui, cet homme d'un moment, qui oublie. Je suis aussi cet homme pour qui la Parole tombe parmi les épines, et que les soucis du monde étouffent. Le seul moyen, alors, pour moi, de ne pas oublier que Dieu seul est mon salut, c'est de me convertir à nouveau chaque jour. Tâche non pas fastidieuse, mais joyeuse, puisqu'il s'agit de m'adresser à celui qui se fait mon père : Paul le répète dans ses épîtres : c'est grâce à l'incarnation divine du Christ, qui fait de nous des frères du Fils, que l'on peut appeler le Seigneur « Abba ! Père ! »: Il est né d'une femme, d'un être humain. Cette femme, Marie, nous a donné l'incroyable cadeau d'être enfants de Dieu, puisque frères de son Fils. Voilà pourquoi nous lui disons : « Priez pour nous, pauvres pécheurs ». Nous sommes donc fils de Dieu, tout pécheurs que nous soyons !

Voilà de quoi donner envie de prier joyeusement et quotidiennement le Rosaire, pas ?
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dimanche 11 octobre 2015

Pour les hommes c'est impossible, mais pour Dieu, tout est possible.

Bonsoir à tous !

La messe dominicale a été source de beaucoup de réflexions pour moi aujourd'hui. A vrai dire, j'ai eu du mal à me concentrer sur la prière et l'attention à Dieu - je suis d'ailleurs beaucoup plus inspiré par la liturgie des Heures que par le sacrement de l'Eucharistie - et je me suis absorbé dans des questions accessoires : je me demandais entre autres si c'était la conduite de la liturgie elle-même, ou l'impression que me laissaient l'indifférence manifeste de mes voisins qu'ils s'ennuyaient profondément pendant les chants liturgiques de la cérémonie, qui m'empêchait d'éprouver du plaisir à me trouver là. Je m'imaginais ce qu'aurait bien pu ressentir un athée qui ce serait retrouvé là au milieu de notre assemblée ; comment aurait-il pu comprendre notre attachement à Dieu en voyant des gens s'ennuyer profondément, subir un moment qui ne semblait pas avoir de sens profond ou spirituel pour eux, manifestement rassemblés par une tradition atavique contraignante plus que par le plaisir d'aller à la rencontre de leur Créateur et ami ?

La faute n'en incombait pas aux autres fidèles, bien sûr : je savais parfaitement n'être pas en droit de les juger, car seul le Seigneur peut sonder les cœurs et les esprits des hommes, je n'ai jamais eu ce don. Rien n'y faisait : au lieu de me concentrer sur ma prière et de chercher à honorer le Nom de Dieu, je ne cessais de regarder mes voisins, animée d'une curiosité coupable.

Et puis, je me suis dit que sans doute je ne pensais pas les choses de la bonne façon : certes mes voisins semblaient s'ennuyer, mais pourtant ils étaient là. Ce n'était pas la première messe à laquelle ils assistaient (ni pour moi, non plus). Ils savaient donc sans doute, aussi sûrement que moi, que la messe est souvent un moment difficile et qu'il est difficile de se motiver pour y aller. Mais ils y vont quand même. Leur foi doit être bien grande, leur fidélité envers les convictions et les valeurs qui guident leur vie doit être à toute épreuve, pour qu'ils persistent tout de même à venir à la messe.

Ce qui nous rassemble, en fait c'est cela : malgré tous les désagréments, nous avons tous en commun la volonté de sacrifier de notre temps pour une personne qui nous tient à coeur, une personne qui a dans nos vies une place importante. Ce n'est pas qu'une idée. C'est l'être vivant qui pour nous est le plus important au monde. Nous aimons aller rendre visite à nos amis, faire la fête avec eux. Nous aimons aussi rendre visite à Dieu.
C'est l’Évangile du jour qui m'a le plus clairement confirmé cette idée.
De cet Évangile (Marc 10, 17-27), on retient souvent qu'il est "plus facile à un chameau de passer par le chas d'une aiguille, que pour un homme riche d'entre dans le royaume de Dieu." comme si le texte se concluait ainsi. Ce qui souvent, me rappelle la Parabole qui dit que "là où est votre trésor, là aussi est votre cœur". Or, mon trésor serait plutôt dans ma bibliothèque personnelle que dans l’Évangile. Je ne roule certes pas sur l'or, mais je suis riche de livres, et je pense souvent que ça pourrait m'empêcher de mettre mon cœur du côté du royaume de Dieu.
Mais ce n'est pas cela la conclusion du texte : Jésus affirme, sous la plume de Marc, que "Pour les hommes c'est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu."
Aucun homme ne peut se sauver lui-même, quelque soit son mérite. Mais si Dieu seul peut nous sauver, alors le riche peut conserver autant d'espoir que le pauvre. Les deux sont hommes. Quand l'humanité aura pris conscience que la valeur de chacun ne dépend que de l'Amour du Père, alors peu importera les richesses des uns ou des autres.
S'il y a une chose dont je suis bien convaincu c'est que nous sommes tous les fils et filles de celui pour qui rien n'est impossible.

dimanche 26 août 2012

Aujourd'hui, j'ai accompli l'acte le plus important de ma vie... encore !





Ce matin, messe dominicale. Et, comme presque chaque semaine, j'ai accompli l'acte le plus important de ma vie.



J'ai reçu l'Eucharistie


Depuis pas mal de temps maintenant, je me pose des questions. Et il y a quelques choses que ma raison profonde remet en question avec une certaine récurrence - voire une récurrence certaine : le dogme du sacrement de l'Eucharistie, qui est censé devenir véritable chair du Christ.
Avouez qu'avec ce dogme, et peut-être aussi certaines considérations à propos de l'ordination presbytérale, il y aurait largement de quoi devenir luthérien et tourner allégrement le dos au catholicisme vaticanesque - ce que j'aurais fait sans doute il y a déjà longtemps si trois considérations ne m'en retenaient pas : la sainteté de la Vierge Marie, la lettre de Saint Jacques (c'est par les actes qu'on exprime sa foi !) et la fidélité à l'Eglise des Premiers Pères (mais sur ce point, j'y reviendrais plus tard !)..!

Mais enfin, je m'interroge..:
Par quelle sorte de tour de passe-passe diantrement artificiel un bout de pain deviendrait-il de la chair, et en plus, non pas une chair terrestre et animale, mais une chair mi-humaine, mi-divine ? Serions-nous alors, diantre donc (!) devenus sans nous apercevoir cannibales, pour manger ainsi notre propre Créateur (selon nos croyances) tous les dimanches ?

Ces considérations tirent leur racine des Saintes Ecritures (Luc 22, 19 et Matthieu 26, 26), lorsque Jésus prononce ces mots, ô combien fameux :
« Pendant le repas, Jésus prit du pain et, après avoir prononcé la bénédiction, il le rompit ; puis, le donnant aux disciples, il dit : « Prenez, mangez, ceci est mon corps ». Puis il prit une coupe et, après avoir rendu grâce, il la leur donna en disant : « Buvez-en tous, car ceci est mon sang, le sang de l'Alliance, versé pour la multitude, pour le pardon des péchés. » »

Jean va encore plus loin :
« A la synagogue de Capharnaüm, Jésus disait : «Je suis le pain vivant qui est descendu du ciel.  Si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ; et le pain que je donnerai, c’est ma chair, pour le salut du monde.» »  (Jn 6, 51-58)
D'ailleurs, ne nous croyons pas, nous post-modernes scientifistes, plus intelligents que les gens de l'époque, en refusant d'y croire par rationalisme, car Jean ajoute que, déjà à l'époque et à cause de ces paroles,  « Depuis ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent et cessèrent d’aller avec lui.» 
Le Père Daniel Meynen a d'ailleurs écrit des commentaires et homélies très intéressantes sur la question (vous pourrez en retrouver certaines sur internet, notamment ici.)



Question difficile, mais en fait, ce qui est encore plus intolérable pour nos esprits contemporains férus de logique et de rationalité post-moderne, c'est comment diantre donc un bout de pain peut-il se transformer en viande divine... Encore s'il prenait l'aspect de la viande, serions-nous peut-être tentés d'y croire, mais ce pain persiste nonobstant les déclarations et prières du prêtre, à demeurer sous un aspect grotesquement banal et absurdement quotidien, un aspect panifuge pour tout dire.
Dès lors, comment croire encore que ce pain est en réalité censé être le corps du Christ, offert aux hommes ?
Surtout lorsqu'on est influencé par le matérialisme économico-technologique ambiant et la culture athéiste scientifiste actuellement en vigueur en France (qui reste malgré tout le plus beau pays du monde - eh oui, je m'écarte du sujet avec lequel ces dernières considérations n'ont rien à voir, mais j'estime avoir eu de la chance de naître dans un pays avec une histoire aussi riche et une solidarité étatique aussi développée..!)


Décider la confiance :


 Après moultes et diuerses discussions, il ressort que beaucoup de croyants dans mon entourage proche m'ont gonflé avec des expressions telles que : c'est un mystère ! Dieu nous échappe ! Nous ne pouvons pas comprendre. Certes, je n'aurais pas la prétention de vouloir comprendre et posséder la science de Dieu avec ma pauvre intelligence toute rabougrie, mai quand même, il y a là, le dirais-je ? Comme une certaine mauvaise volonté. L'esprit religieux se retranche derrière des protections inefficaces contre le rationalisme moderne... Tenez vous, qui me lisez, là ! Oui, là, au troisième rang...
Mais non, pas vous, vous vous êtes croyant, je le sais ! Bon, voilà, vous là, oui, parfaitement ! Vous lisez un blog chrétien ! Si. Tout-à-fait. Arrêtez de vous cacher derrière votre voisin du deuxième rang, et assumez un peu.
Alors voilà, j'ai besoin de vous et de votre raison éclairée par le cartésianisme moderne, votre esprit qui doute (avec raison !).
Bon, je vous dis : "Ne cherchez pas, c'est un mystère. Ca ne s'explique pas, c'est comme ça, un point c'est tout, et TGCM* !" : voilà tout le mystère de la transsubstantiation miraculeusement exposé sous vos yeux ébahis d'incrédulité.
Que me répondez-vous donc ?

EXACTEMENT !!

JE SUIS D'ACCORD AVEC VOUS, et je dirais même plus : J’ADHÈRE !

Pour ma part, je pense qu'il existe un mystère divin, mais que ce n'est pas un mystère inexplicable : c'est comme un mystère policier : il y a une explication, au bout de l'enquête minutieuse d'Hercule Poirot ou de l'Inspecteur Derrick (ou Columbo, comme vous voulez), de Sherlock Holmes ou de l'Inspecteur Canardo.
Un mystère, ce n'est pas une raison de cesser de chercher à vouloir connaître la raison. FELIX QUI POTUIT RERUM COGNOSCERE CAUSAS ! (Heureux celui qui a pu pénétrer le fond des choses et en connaître les causes !)
En réalité, le mot mystère ne recouvre jamais qu'un prétexte à mener l'enquête.
Sauf qu'historiquement, l'enquête ne nous mènera qu'à un dogme établi par un obscur Concile de l'Antiquité tardive, et que théologiquement, mon enquête a plutôt tendance à piétiner.

...Alors tant pis j'ai décidé d'exprimer ma foi, en attendant de trouve rune réponse satisfaisante. LA foi, aimè-je à l'affirmer et à le rappeler, vient du latin fides (reportez-vous donc à la section Prier... Le "Notre Père" autrement. pour en savoir plus !) et peut signifier fidélité (serment d'allégeance) et confiance Confiance de celui qui prête allégeance, et confiance de celui qui reçoit le serment.

J'ai donc décidé de faire confiance... Et là, je me suis aperçu que je ne m'étais jamais dit que recevoir l'Eucharistie était l'acte le plus important de ma vie... J'allais à la messe surtout pour prier avec d'autres chrétiens, en communauté, pour le partage, mais je ne me suis jamais dit : "je vais recevoir Dieu au plus intime de moi-même et ça va bouleverser ma vie quotidienne, ma semaine banale, en me transformant de l'intérieur..."
Non, je ne me l'étais jamais dit, et je ne me le dis toujours pas, à vrai dire...







* TGCM : est une expression répandue dans les milieux rôlistes, ceux qui jouent aux jeux de rôles et qui n'aiment pas trop, en général, l'Eglise Catholique parce que celle-ci ne voit pas d'un bon œil leur activité favorite. TGCM, ça veut dire : "Ta Gueule, C'est Magique !"




Renouveler son engagement envers Dieu :


Mais alors, me direz-vous, en quoi cet acte est-il le plus important de ma vie ? Eh bien, parce que lorsque je me prépare à rejoindre la file de communion, maintenant, malgré mes doutes, mes incertitudes, mes craintes et mes défiances, je décide de lâcher prise et de faire confiance au Seigneur. De lui dire : "bon, O.K., je marche."
Et ça, c'est quelque chose d'important : de confirmer, de renouveler, semaine après semaine, son engagement envers Dieu. Pas seulement de lui faire confiance, mais de le laisser faire en moi des transformations spirituelles que je ne comprends pas ; et puis, surtout, de refaire le serment de lui être fidèle quotidiennement, dans mes actes, que ceux-ci soient une offrande à sa Gloire, que mes actes soient tournés vers son service, que leur finalité soit de soutenir son règne et répandant l'Amour ici-bas.
Donc, dans le prochain chapitre (enfin, le prochain billet, plutôt !), sans doute réfléchirais-je à cette notion d'Amour, trop galvaudé dan les clips kitschissimes des stars hollywoodiennes d'aujourd'hui.
Oui à l'Amour, non aux Bisounours !

Et, sur ce, bonne semaine à vous tous, croyants et non croyants !

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mercredi 15 août 2012

Pourquoi le fruit défendu ?

Voici enfin mon premier message !

Suite à un débat sur un forum "philosophie" de jeuxvideo.com, je remonte cette réflexion que j'ai développée il y a quelques temps déjà, en partant du texte du fruit défendu (Gn, 2.7-9, 15-17 ; 3.1-5, 7-10 ).

Je me dis qu'en ce jour de l'Assomption, où nous prions Celle dont la descendance nous a délivré du péché, celle qui a la lune en-dessous de ses pieds (Ap.12.1 : la lune symbolise le mal, la femme est donc celle qui vainc le mal par sa maternité.), n'est pas une mauvaise occasion de réfléchir sur ce péché.

voici le texte :
« ch.2
[7] L'Éternel Dieu forma l'homme de la poussière de la terre, il souffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint un être vivant. [8] Puis l'Éternel Dieu planta un jardin en Éden, du côté de l'orient, et il y mit l'homme qu'il avait formé. [9] L'Éternel Dieu fit pousser du sol des arbres de toute espèce, agréables à voir et bons à manger, et l'arbre de la vie au milieu du jardin, et l'arbre de la connaissance du bien et du mal.
(...)
[15] L'Éternel Dieu prit l'homme, et le plaça dans le jardin d'Éden pour le cultiver et pour le garder. [16] L'Éternel Dieu donna cet ordre à l'homme: Tu pourras manger de tous les arbres du jardin; [17] mais tu ne mangeras pas de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, car le jour où tu en mangeras, tu mourras.
(...)
ch.3
[1] Le serpent était le plus rusé de tous les animaux des champs, que l'Éternel Dieu avait faits. Il dit à la femme: Dieu a-t-il réellement dit: Vous ne mangerez pas de tous les arbres du jardin? [2] La femme répondit au serpent: Nous mangeons du fruit des arbres du jardin. [3] Mais quant au fruit de l'arbre qui est au milieu du jardin, Dieu a dit: Vous n'en mangerez point et vous n'y toucherez point, de peur que vous ne mouriez. [4] Alors le serpent dit à la femme: Vous ne mourrez point; [5] mais Dieu sait que, le jour où vous en mangerez, vos yeux s'ouvriront, et que vous serez comme des dieux, connaissant le bien et le mal.
(...)
[7] Les yeux de l'un et de l'autre s'ouvrirent, ils connurent qu'ils étaient nus, et ayant cousu des feuilles de figuier, ils s'en firent des pagnes. [8] Alors ils entendirent la voix de l'Éternel Dieu, qui parcourait le jardin vers le soir, et l'homme et sa femme se cachèrent loin de la face de l'Éternel Dieu, au milieu des arbres du jardin. [9] Mais l'Éternel Dieu appela l'homme, et lui dit: Où es-tu? [10] Il répondit: J'ai entendu ta voix dans le jardin, et j'ai eu peur, parce que je suis nu, et je me suis caché.
(...) »

La question que je me posais :

Pourquoi Dieu plante t-il un arbre - et en plein centre du jardin, là où il est le plus accessible - si c'est pour interdire à l'homme d'en manger ?
Que voulaient dire par là les auteurs de ce texte de la Bible ?

J'avais pris cette comparaison grossière :
Ce serait comme si un adolescent venait se moquer d'un enfant plus jeune, en lui mettant une glace sous le nez pour ensuite le narguer en lui disant : « Tu en veux, hein ? Ben, t'en auras pas, nananîâââ et traliloulila ! »

On y avait réfléchi avec un ami, sa réponse était que "si l'arbre n'avait pas été là, ce jardin n'aurait pas été complet, donc l'oeuvre divine n'aurait pas été parfaite". Cette réponse ne me satisfaisait pas, car cet arbre introduit pour l'homme le pouvoir de pécher en s'élevant au niveau de Dieu.
Et à mon avis, les auteurs hébreux de ce passage accordait à cet arbre trop d'importance pour que ce ne soit qu'un détail du décor, la cerise sur le gâteau de la perfection du jardin.

Réflexions sur la condition et la liberté humaine :


Mais j'ai vite pensé à une réponse qui m'a satisfait bien plus :
Cet arbre n'est en fait pas SEULEMENT au centre du jardin, il est surtout au centre de la relation entre Dieu et l'homme, sa créature :
Premièrement, il s'agit de l'instrument de la liberté de l'homme : l'homme a le choix entre obéir ou désobéir à Dieu, Dieu lui interdit de manger du fruit (et l'avertit des conséquences d'un tel geste !) mais il lui donne néanmoins la possibilité de la faire pour que l'homme soit libre, et que sa liberté soit parfaite : l'homme a la possibilité de désobéir à son Créateur, ce n'est pas rien !
 Deuxièmement, il s'agit d'un pacte de confiance entre Dieu et l'homme : Dieu demande à l'homme de lui faire confiance en lui obéissant. C'est la base de leur relation personnelle.

C'est bien pour cela que les fruits de cet arbre donnent la connaissance du Bien et du Mal : il s'agit pour l'homme d'acquérir la capacité de décider lui-même, de faire ses choix, de ne plus suivre les règles. Il s'agit de refuser de faire confiance aux jugements de Dieu et de juger par soi-même quels actes nous conduisent au bonheur.
Quand l'homme mange du fruit, le jugement n'est plus la prérogative exclusive du Créateur : l'homme s'en empare pour s'émanciper de la tutelle de Dieu, il refuse alors de s'en remettre à lui : juger est le pouvoir de Dieu (rappelons que pendant toute la Genèse, Dieu juge son oeuvre de Création : "il vit que cela était bon.") ; dans ce texte, il est le maître de l'esthétique autant que de l'éthique. Or cela lui échappe à l'instant même où l'homme s'arroge le droit de juger lui aussi de sa Création (et aujourd'hui, beaucoup disent
« si Dieu existait, pourquoi tout ce mal dans le monde ? » En oubliant aussi de voir tout ce qu'il y a de bon dans le monde !).

Mais cette possibilité du choix que Dieu lui offre était la condition pour que sa créature soit véritablement et parfaitement libre, et c'est une relation fondée sur cette liberté que Dieu voulait bâtir avec l'homme, selon la Bible.

C'est pour cela que l'homme en devenant lucide (il a le pouvoir de juger !) et se voit tel qu'il est : petit, faible, fragile, désarmé..: en un mot, nu.

Pour aller un peu plus profondément :


Ayant assisté récemment à une conférence d'une frère bénédictin, le frère Marc, qui a bien voulu m'envoyer son  texte, je vous en propos quelques extraits :


« Il y a une question que l'on peut se poser. Si Adam et sa femme ne devaient pas manger de cet arbre, pourquoi Dieu l'a t-il mis là, en plein milieu du paradis ? Autrement dit, Dieu n'était-il pas en train de jouer avec le feu en ne cachant pas cet arbre à la vue de nos premiers parents ? La réponse est que cet arbre devait aiguiser leur désir : désir de vie immortelle, de vie éternelle, de vie divine, d'amour surnaturel.

Et nous comprenons bien alors, que posséder la vie divine, la vie éternelle, la vie totale, l'amour surnaturel, dans ses fondements les plus ultimes, c'est savoir ce qui est bien, ce qui facilite, encourage, nourrit cette vie et ce qui est mal, c'est à dire, ce qui la désagrège et la détruit. À force de regarder cet arbre, en effet, Adam et Ève ont fini par comprendre qu'il leur donnera accès à la divinité, le jour où Dieu les admettra dans le sein de la Trinité. Ce jour-là, ils pourront en manger.

Toute la ruse du serpent consiste à les faire passer du désir à la convoitise.

Dieu veut que l'homme soit avide de la vie divine, qu'il la désire de toute son âme, qu'il veuille devenir amour comme il l'est lui-même. Or le serpent parvient à brouiller le jeu.
Du désir de la vie divine en Dieu, avec Dieu, il fait passer nos premiers parents à une convoitise pour soi.

Adam et Ève ont cru qu'ils pourraient devenir des dieux pour eux-mêmes, c'est à dire, sans Dieu, sans amour, et bien plus, en opposition avec Dieu. L'homme pensait pouvoir devenir Dieu par ses propres forces. Il a manqué son but, car Dieu, parce qu'il est créateur et maître de la création, parce que lui seul connaît la fin de sa créature, le but pour lequel elle a été créée, lui seul aussi sait ce qui est bon pour elle, c'est-à-dire, ce qui la conduit à son plein accomplissement et ce qui lui fait atteindre ce but qu'il a déposé dans la nature même de sa créature. De la même façon, il sait ce qui l'en détourne, ce qui est mal.
L'évènement qui vient de se passer est capital.

 "passer du désir à la convoitise"


En tournant le dos au désir de Dieu et de l'amour surnaturel, et en acquiesçant à la convoitise, l'amour naturel de l'homme se trouve blessé et dénaturé. Au lieu d'être orienté vers l'autre, il revient désormais sur soi. L'homme ne peut plus aimer spontanément que d'un amour égoïste, pour lui. Le cœur de l'homme dévoyé va corrompre toutes les autres facultés humaines. En particulier notre sensibilité et notre affectivité qui sont des qualités inestimables, vont être détournées par l'amour naturel blessé dans un but égocentrique.

Adam éprouve le besoin de couvrir sa nudité, 

pour diminuer la convoitise de l'autre sur son propre corps


C'est là que se trouve le fondement de toutes nos difficultés en tous domaines, mais plus particulièrement dans celui de la charité, de l'humilité et de la chasteté. C'est pourquoi Adam éprouve le besoin de couvrir sa nudité, pour diminuer la convoitise de l'autre sur son propre corps.
Or Adam a voulu connaître directement ce qui est bien et ce qui est mal, pas simplement pour en avoir connaissance, par curiosité, mais pour pouvoir en décider par lui-même et agir ainsi en toute autonomie morale, comme s'il était un dieu.  »



« À vrai dire, Dieu est impuissant devant notre péché parce que le péché est un acte libre. Il ne peut donc ni nous empêcher de pécher, ni même réduire à néant les conséquences de nos péchés : ceux que nous avons commis, ceux dont nous avons souffert de la part d'autrui, et ceux dont nous avons hérité de nos parents, à commencer par le péché d'Adam. Or, seul un être libre peut aimer, nous l'avons dit en parlant de la liberté (XIII, 1). Anéantir en nous le péché et ses conséquences revient à anéantir notre liberté (XIII, 4). Et donc, notre capacité d'aimer. »



Sur ce, bonne fête de l'Assomption à tous !_